Vous avez dit blanc, le dîner ?

Joëlle Florin-Yéboué
11 Septembre 2014



Imaginé et organisé en 1988 à Paris, par François Pasquier, chef d’entreprise français, ce concept « made in France » a su s’exporter un peu partout dans le monde. A la fois original et ludique, il est aujourd’hui considéré comme un événement à part entière, que l’on attend avec impatience, pour pouvoir revêtir sa plus belle des tenues blanches. Décryptage et retour sur une idée, qui a su s’internationaliser outre-Atlantique.


Crédit DR
Crédit DR
Pour remonter aux origines du Dîner en blanc, il nous faut voyager à destination de Paris et faire un saut dans le passé, jusqu’aux années 80. Il est le fruit de l’ingénieuse idée de François Pasquier et de ses amis, qui souhaitaient, le temps d’une soirée, dîner en plein air au sein d’un site reconnu parmi les plus exceptionnels de la capitale. En effet, pour seulement un soir par an, les invités triés sur le volet auront l’occasion de découvrir, mieux connaître et tout simplement profiter d’un lieu qui leur sera tenu secret jusqu’à la dernière minute. Ils pourront se l’approprier ou plutôt se le réapproprier à leur manière mais non sans certains codes, notamment de couleur, à respecter. Les organisateurs, comme le veut la tradition, doivent garder le secret jusqu’au  jour-J. Ainsi, cela ajoute une note de magie, d’inconnu et de mystère à cet événement.

Dress code & cie…

Sur le principe, les convives, invités par les organisateurs, parrainés par des participants voire par chance inscrits à l’avance via le site internet, doivent venir dîner tout de blanc vêtu. Ceci est la première et principale condition. Ensuite, il est nécessaire qu’ils apportent eux-mêmes tables, chaises, nappes (obligatoirement blanches), vaisselles et autres accessoires et ustensiles en tout genre (fleurs, bougies, chandeliers), qui pourraient leur être utiles le temps de cette mémorable soirée. Egalement, le repas doit être amené par les convives, qui devront spécialement concocter pour l’occasion des mets de préférence raffinés et de qualité, à partager ou non, avec les autres invités. Néanmoins, une petite précision, seuls vin et champagne sont autorisés, bières et alcools forts étant interdits. 

Par ailleurs, les maîtres mots étant le chic et l’élégance, ce pique-nique de luxe autorise tout de même l’originalité, à condition que cette dernière soit utilisée avec parcimonie et bon goût. Il faut se le dire, qui dit dîner en blanc, ne dit pas « la porte ouverte à toutes les folies » ! Quoi qu’il en soit, les feux de Bengale seront eux, bien là pour ouvrir le bal et marquer ainsi le début de la danse, animation très attendue de cette éphémère mais cependant festive soirée.

Déranger, vous avez dit déranger ?

Il n’en est pas question lors de ce pique-nique géant, préalablement bien organisé et strictement encadré, pour ne pas nuire à sa pérennité. En effet, aucune perturbation ne sera commise par les participants, car tout a été prévu et accordé à l’avance. Ni le trafic automobile ni la circulation piétonne ne sauront perturber la soirée.

La préfecture de police de Paris prend d’ailleurs ce dîner avec tolérance, voire certaines fois à l’image d’une sympathique fête annuelle. Ils n’ont à vrai dire aucun souci à se faire, car tous les invités s’engagent à venir en transports en commun ou à pied pour ne pas créer de bouchons, et à libérer les lieux avant minuit « sans laisser de traces », chacun emportant ses déchets selon la Charte de bonne conduite.

Dîner en blanc, sur tous les continents ?

Depuis son invention il y a vingt-six ans et avec le temps, ce pique-nique qui se doit d’être élégant s’est véritablement internationalisé. Aujourd’hui, des dîners en blanc sont organisés dans une quarantaine de pays, où le bouche-à-oreille et demandes de parrainage s’intensifient ; et les places sont vendues en à peine quelques minutes. Pour la première fois cette année, des villes à l’image de Bombay, Hong Kong, Honolulu, Copenhague ou Panama City ont elles aussi eu droit à leur gigantesque dîner.

C’est d’ailleurs le 25 août dernier, que près de 5000 personnes se sont donnés rendez-vous, au bord de l’Hudson River, au sud de Manhattan, à New York, pour la quatrième édition du Dîner en blanc new-yorkais. De même, le 12 juin dernier, Paris accueillait ses convives d’un soir, et ce ne sont pas moins de 13 000 personnes qui ont dîné et se sont répartis sur six ponts de la ville (le pont Alexandre III, le pont de l’Alma, le pont d’Iéna, la Passerelle Solférino, le pont de la Concorde, et la passerelle Debilly). Le constat du succès est sans appel, quand on sait que la première édition (française) de l’événement, dans les jardins de Bagatelle, au Bois de Boulogne, n’avait réuni que deux cents participants. Les années qui suivirent, les invités sélectionnés ont eu le privilège de passer leur soirée dans des lieux de renom tels que le château de Versailles, les Champs-Elysées, le parvis de la Tour Eiffel ou encore le pont des Arts. En somme, des endroits qui font rêver aussi bien les habitants de la ville concernée, que ceux du monde entier. Le concept fonctionne si bien, qu’Aymeric Pasquier, l’un des fils du fondateur du Dîner en blanc parisien, a œuvré pour le faire connaitre et l’exporter. Par conséquent, c’est de cette manière qu’est né le Dîner en Blanc International, organisme rassemblant actuellement plus de quarante villes dans le monde.

Un dîner gratuit qui rapporte ?

Le Dîner en blanc peut s’apparenter à une véritable attraction touristique, suscitant l’envie et la soif de découverte. Il peut même nourrir un désir d’aventure et devrait pouvoir s’inscrire sur la liste des cent choses à faire au moins une fois dans sa vie. Le dîner en blanc permet de faire connaitre des pays, villes, sites et monuments du patrimoine mondial. Bientôt, il s’exportera même en Afrique, à Kigali, capitale du Rwanda. Grâce à cet événement, le tourisme aussi bien national qu’international devrait encore avoir de beaux jours devant lui.

Autre élément positif, le Dîner en blanc crée des emplois, nécessitant des organisateurs et coordinateurs aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, ces derniers sont présents dans une soixantaine de grandes villes et ont ainsi rejoint ce qui n’était au départ, qu’un petit collectif français. De ce fait, Le Dîner en blanc™ est devenu une véritable marque déposée dans tous les pays de l’Union européenne, en Amérique du Nord, au Brésil, en Australie, à Singapour, en Russie et en Chine. Elle est actuellement en cours d’enregistrement dans d’autres pays.

Ce concept innovant a donc provoqué un remarquable effet de mode, et la liste d’attente des pays hôtes, comme celle des prétendants au dîner, ne cesse de s’allonger. La demande est telle que plus de 600 villes et capitales ont manifesté leur envie de faire partie de cette incroyable communauté. Toutefois, il y a certaines exigences auxquelles elles doivent se plier, une sorte de « test » sélectif à passer. En effet, elles devront s’engager à respecter les valeurs essentielles de la marque, à savoir élégance, galanterie, convivialité, secret et partage. Dorénavant célèbre et bientôt mondialement connu, le Dîner en blanc n’est pas resté qu’une simple marque, un concept original. Il a fait et accompli bien plus. Il a permis de réunir le temps d’une soirée des personnes d’origines, de générations, de cultures et de milieux différents ; a su mobiliser les foules ; susciter l’intérêt et la curiosité ; raviver le bonheur et la joie tout en faisant oublier les différences. Ainsi, ce pique-nique atypique et idyllique semble être un extraordinaire moment à partager, un somptueux rêve éveillé…

Envie d’y participer ? Tentez par ce voyage féérique ? Préparez vous à embarquer, les prochains vols sont à destination de Toronto, Calgary, Albuquerque et San Diego. N’attendez plus !

Notez